→ A l'occasion du centenaire du Lycée en 2017,2 lignes du temps interactives ont été créées sur base des archives de l'école.
Tout au long du XIXe siècle, les femmes luttent pour obtenir le droit au savoir. Il existe bien, à cette époque, des pensionnats religieux mais ils visent surtout à développer chez les jeunes filles le sentiment religieux et le souci de la moralité. Cet enseignement demeure superficiel et se garde de faire appel au raisonnement de peur que les femmes ne se mettent à penser, qu'elles ne veuillent vivre pour elles-mêmes, qu'elles ne s'éloignent du foyer.

En 1864, Isabelle Gatti de Gamond est la première femme à créer un « Cours d'Éducation pour Jeunes Filles », ce qui exerce rapidement une influence considérable sur les esprits : de nombreuses écoles moyennes pour filles sont ouvertes.
Grâce à cela, les milieux universitaires commencent à accepter l'idée d'accueillir les femmes ! Cependant, personne ne pense à créer un enseignement parallèle à celui des garçons. En outre, on ne trouve pas de professeurs féminins (les mentalités ne sont pas encore mûres pour une idée aussi révolutionnaire). Jusque-là, les rares filles désireuses d’accéder aux études universitaires doivent obligatoirement passer par le Jury central.
Il faut attendre de longues luttes, d’interminables discussions et surtout le choc brutal de la guerre 14-18, pour accepter l'opinion que les filles et les garçons ont le droit de poursuivre les mêmes études et d'obtenir les mêmes diplômes.
L'obligation scolaire - votée en 1914 - et le désir de s'instruire s'affirment alors dans tous les milieux. Comme les écoles de la capitale ne peuvent faire face à l'afflux croissant des élèves, l'Administration communale de Schaerbeek conçoit l'idée d'ouvrir un athénée pour garçons. Le 1er octobre 1913, l'Athénée Fernand Blum reçoit ses premiers élèves ; quelques années à peine plus tard, on dénombre près de 400 inscrits!
L'ouverture du Lycée Emile Max en 1917
Ce succès a pour effet d'ouvrir la voie à la création d'une école similaire pour jeunes filles. Le 25 août 1916, Émile Max, échevin de l'Instruction publique, propose d'ouvrir un lycée communal qui comblerait les graves lacunes de l'enseignement moyen pour filles en les préparant à suivre les cours des facultés universitaires et en leur assurant aussi une instruction et une éducation complètes. Quant aux futures mères de famille et maîtresses de maison, elles retireraient aussi un grand profit d'une culture approfondie.
Le 7 septembre 1916, la décision est prise - grâce à l'initiative personnelle de l'échevin Émile Max - de créer à Schaerbeek un enseignement moyen complet du degré supérieur pour jeunes filles. Le choix de l'installation du Lycée se porte sur un hôtel avec jardin, écurie et remise, situé au n°186 de la rue des Palais, près de la place Liedts.

Émile Max commence à recruter des professeurs. Le 26 juin 1917, le Conseil communal doit choisir la première préfète des études. Émile Max appuie la candidature de Madame Van Molle, docteur en sciences physiques et mathématiques: elle l'emporte à l'unanimité et sera donc la première préfète du Lycée pour filles. Ensuite, sept professeurs sont chargés des cours et, le 20 septembre 1917, le Lycée peut ouvrir ses portes. Émile Max assiste à maintes leçons car son lycée est sa joie. Il y vient aussi soutenir les professeurs et non les critiquer !
Comme la population du Lycée s'accroît, le petit hôtel de la rue des Palais ne peut plus abriter toutes les classes et est abandonné. C'est au cours de l'année scolaire 1919-1920 que le déménagement de la rue des Palais à la chaussée de Haecht s'effectue.
En 1923, les premières rhétoriciennes du Lycée Émile Max reçoivent le précieux rouleau enrubanné qui leur permet de poursuivre leurs études à l'U.L.B.
Au fil des années, le Lycée, école reconnue et appréciée, voit sa population augmenter. Ce n’est qu’au début des années 1980 qu’y sont inscrits les premiers garçons.
En 1988, le Lycée Emile Max ouvre une nouvelle implantation dans les anciens locaux de l’École 9. Notre établissement compte donc aujourd'hui deux bâtiments : l'un à la chaussée de Haecht et l'autre à l'avenue Dailly.
Texte de Madame Suwier (Préfète honoraire du L.E.M.) écrit pour le cinquantenaire du L.E.M.